En Vain by Henryk Sienkiewicz

En Vain by Henryk Sienkiewicz

Auteur:Henryk Sienkiewicz [Sienkiewicz, Henryk]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Amour, Société, Littérature polonaise, 20e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2024-01-12T00:00:00+00:00


XI

Le lendemain même de la mort du comte, Schwartz alla faire une visite à Mme Witzberg.

Les informations qu’il avait prises auprès de la jeune comtesse lui avaient appris que le défunt n’avait pour ainsi dire rien laissé à sa fille, que celle-ci ne connaissait personne à qui recourir, et que, d’autre part, étant mineure, elle n’avait pas le droit de disposer même du peu qu’elle possédait. C’était ce qui avait encouragé Schwartz à tenter une démarche auprès de la vieille dame.

Introduit en présence de celle-ci, il lui déclara gravement qu’il la tenait pour responsable de la mort du comte, celui-ci ayant succombé à l’émotion qu’il avait eue de la perspective d’un nouveau procès. Elle avait en conséquence, lui dit Schwartz, le devoir de racheter le mal qu’involontairement elle avait causé. Son devoir était de prendre sous sa protection l’enfant de sa victime.

La grosse dame, qui était en effet très pieuse, et qui avait très bon cœur, fut épouvantée des paroles du jeune homme. Et celui-ci, qui était décidément un admirable diplomate, acheva de la convaincre en ajoutant que, d’ailleurs, la société d’une jeune fille bien élevée et noble ne pourrait manquer d’avoir d’excellents résultats pour Mlle Witzberg.

Mme Witzberg était incontestablement une personne des plus respectables ; mais la vérité nous force à reconnaître qu’elle n’avait qu’une intelligence fort restreinte, et une connaissance du monde plus restreinte encore. Déjà Augustinowicz lui était apparu comme un modèle d’élégance, de bon ton et de politesse. Schwartz, dès sa première visite, lui en imposa. Et elle ne put s’empêcher de lui dire, tout de suite, combien elle se réjouissait de ce que des jeunes gens aussi « distingués » lui fissent l’honneur de fréquenter chez elle.

Sa fille, la jeune Malinka, lui ressemblait sous plus d’un rapport. Elle joignit ses instances à celles de Schwartz et obtint que non seulement on recueillerait la jeune comtesse, mais qu’on s’installerait définitivement à Kiev. Aussi bien la dame en avait-elle toujours eu un peu l’intention. Sa fille avait dix-neuf ans, elle était en âge de connaître le monde ; et, sauf quelques jours passés à Jitomir, jamais elle n’était encore sortie de son village.

Leur fortune leur permettait largement de demeurer en ville. Le défunt Witzberg, qui était de son vivant employé aux douanes sur la frontière prussienne, avait en vérité laissé la réputation d’un fonctionnaire modèle, et ses collègues, à son enterrement, avaient affirmé que les siècles à venir garderaient pieusement la mémoire de sa probité ; mais cette probité n’avait pas empêché Cléophas Witzberg de laisser aussi à son inconsolable veuve un solide magot de cinq cent mille roubles, qu’il aurait certainement fini par transformer en un beau million si la Parque cruelle n’avait pas coupé prématurément le fil de ses jours.

Du moins la fortune qu’il avait amassée n’était-elle pas tombée en de mauvaises mains. La veuve et sa fille, qui ne s’étaient pas attendues à devenir jamais aussi riches, s’ingéniaient à faire de leur richesse l’emploi le plus charitable. Elles soulageaient les misères qu’on leur signalait,



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